NOS SERMENTS, UNE PIECE AUX ALLURES DE COMEDIE ROMANTIQUE


NOS SERMENTS: VAUDEVILLE SENTIMENTAL AU THÉÂTRE DE LA COLLINE


JULIE DUCLOS PLANCHE SUR LA MAMAN ET LA PUTAIN


VIVRE À CONTRE-COURANT


NOS SERMENTS COMPAGNIE L'IN-QUARTO


LA PRESSE EN PARLE


NOS SERMENTS, UNE PIECE AUX ALLURES DE COMEDIE ROMANTIQUE
 

Julien Roche, Scènes Magazine, Février 2015

 

« Parler avec les mots des autres, ce doit être ça, la liberté », disait Jean-Pierre Léaud dans La maman et la Putain. On pouvait néanmoins redouter qu’en s’inspirant, très librement certes, du chef-d’œuvre de Jean Eustache, la petite équipe de Nos Serments  ne se laisse asservir par le charme mystérieux de ce grand film en en épousant amoureusement toutes les ondulations. Qu’elle ne s’en réclame, aucune crainte, que pour mieux s’en distinguer par un jeu de contrastes, autre forme d’asservissement plus insidieuse peut-être.

 

Rien de tel ici. Les données générales du film d’Eustache sont reprises : un jeune homme désargenté, dont la misère loin d’entraver son dandysme l’alimente, vit aux crochets d’une jeune femme qui confrontée aux écarts de son amant feint le détachement pour mieux le retenir. La rencontre du jeune homme avec une infirmière polonaise sonnera pourtant le glas de leur relation. Le délitement de leur couple sera irréversible et source inattendue de souffrance. Les grandes lignes du film sont donc reprises et même prolongées, puisque la pièce s’ouvre sur une scène de dispute qui n’est dans le film qu’évoquée par le personnage, et qu’elle ménage à la fin un aperçu sur la vie future du nouveau couple, dont Eustache ne dit rien.

 

Maman bobo

 

La singularité de la pièce réside dans la mise au premier plan, l’explicitation et la verbalisation de ce qui chez Eustache, tout en constituant le cœur du film, est tenu dans l’ombre, tu par les protagonistes ou recouvert d’un babil incessant, à savoir les sentiments qu’ils éprouvent. Le tour psychologique que prennent les événements s’accompagne d’un recentrage sur le personnage le moins exposé du film, celui de la maman, Esther dans la pièce. Le personnage bravache et gouailleur interprété par Bernadette Lafont devient dans la  pièce une jeune femme qui encaisse vaillamment les coups mais que l’on sent d’emblée affectée par la situation. Sa douleur prendra des proportions qu’elle n’a pas dans le film, ou se manifestera du moins de manière sensiblement différente : ce sera le chagrin d’une jeune fille abandonnée par un salaud, génial peut-être mais foncièrement égoïste, et qui s’efforce de faire le deuil de cette relation.

 

La pièce prend alors des allures de comédie romantique, de sitcom légèrement bobo. Légèrement, car elle ne cède jamais vraiment à la tentation de sacrifier au goût du jour, malgré le personnel jeune et joli et le décor vintage, se maintenant dans une certaine indétermination : le conte d’Eustache est transposé sans violence, sans que nous soient jetés à la figure les signes du contemporain. C’est là certainement une qualité de la pièce qui accède ainsi à une certaine autonomie, mais sa limite aussi peut-être : dépourvue de tout ancrage, focalisée sur la seule psyché des personnages, elle en vient parfois à flotter et à tourner en roue libre.

 

La vie comme elle va

 

On arguera qu’un semblable détachement caractérise le film d’Eustache, constitué essentiellement de bavardage et de performances discursives. Mais sa frivolité apparente se double d’une gravité existentielle qui leste le film de bout en bout : la légèreté s’allie à la pensivité, la désinvolture au plus grand sérieux, indémêlablement. Les dialogues et les situations de la pièce nous captivent, nous amusent, nous charment, mais peinent souvent à sortir du domaine de l’intime et du cadre de l’anecdote.

 

La tentation de comparer est irrésistible après coup, mais il faut convenir que la pièce s’émancipe très vite de sa source et vit bientôt sa propre vie. L’ombre initialement portée par les personnages inoubliables interprétés par Jean-Pierre Léaud, Bernadette Lafont et Françoise Lebrun a tôt fait de se dissiper, tant les comédiens parviennent à donner consistance à leur personnage, au premier rang desquels Alix Riemer (Esther) dont le naturel et la simplicité séduisent. De manière générale, c’est peut-être cette impression générale de naturel et de fraîcheur qui séduit dans le jeu des acteurs et dans une mise en scène attentive au rythme des corps et de la parole humaine. Intéressant croisement : alors qu’Eustache cultivait le théâtral et la pose (« le faux, c’est l’au de-là »), Nos serments  paraît plutôt miser sur la spontanéité et un certain naturel pour atteindre le vrai.


 

NOS SERMENTS: VAUDEVILLE SENTIMENTAL AU THÉÂTRE DE LA COLLINE
 

Philippe Chevilley, Les Echos, le 22 janvier 2015

 

Le théâtre s’empare de plus en plus du cinéma, pour le meilleur comme pour le pire... Avec « Nos serments », présenté dans la Petite Salle du théâtre de la Colline, Julie Duclos et sa jeune compagnie L’In-quarto osent s’attaquer à La Maman et la Putain (1973) de Jean Eustache. Un film mythique, qui, trois heures quarante durant, met en scène un jeune intello (Jean-Pierre Léaud) ballotté entre deux femmes – sorte de réécriture de la carte du Tendre à la mode Mai 1968.

 

Pas facile de faire abstraction des souvenirs ou des fantasmes que suscite le chef-d’œuvre du cinéma nouvelle vague. Même si le spectacle créé à partir des dialogues du film, mais aussi d’improvisations sur le plateau, est finement écrit, le propos sur l’amour libre apparaît forcément un peu daté. Transposé aujourd’hui sur les planches, La Maman et la Putain a un côté comédie de mœurs bobo, voire boulevard moderne, avec son héros au chômage, François, qui « squatte » chez sa compagne Esther, vendeuse dans une boutique de mode, et s’entiche d’Olivia, une sémillante infirmière polonaise. L’arrière- plan social est réduit au minimum. Les personnages n’ont pas de problème d’argent – jusqu’au meilleur ami de François, Gilles, qui se dit «riche» et trouverait obscène de travailler...

 

Pourtant, la petite musique de Julie Duclos (et de Guy-Patrick Sainderichin, coauteur) enfle et nous envoûte peu à peu. Drôlerie des répliques (celles tirées du film ont un petit côté post-Guitry branché) et des situations ; usage simple et efficace de la vidéo ; justesse et humanité des personnages – qui explosent carrément dans la deuxième partie, après l’entracte.

 

Virtuosité du jeu


Car, des jeunes compagnies adeptes du « théâtre de plateau », L’In-quarto s’avère une des plus virtuoses. La façon dont David Houri (François) fait évoluer son personnage, du macho égoïste au naïf amoureux, est littéralement renversante. Alix Riemer est d’un naturel confondant dans le rôle d’Esther, tour à tour compagne généreuse et amante blessée. La folle énergie de Magadalena Malina (Olivia), l’hystérie douloureuse de Maëlia Gentil (la petite amie larguée par François dans le « prologue ») et la mâle retenue de Yohan Lopez (Gilles, le faux snob au cœur meurtri) font courir un frisson de rare mélancolie sur scène.

 

Le spectacle devient vaudeville sentimental habité par la grâce. Affranchi du cinéma, Nos serments distille la micro-magie du « vécu » propre au théâtre.


 

JULIE DUCLOS PLANCHE SUR LA MAMAN ET LA PUTAIN
 

Hugues Le Tanneur, Libération, 26 janvier 2015

 

Avec Nos Serments, la metteure en scène s’inspire du film culte de Jean Eustache à la Colline.

 

Contrairement au cinéaste, le metteur en scène de théâtre n’a pas la possibilité de laisser tourner la caméra pour capter la vie, ce qui échappe à l’acteur. Il lui faut user d’autres méthodes à partir d’improvisations et d’un travail préparatoire afin de créer les conditions de la vie sur le plateau.

 

C’est précisément ce que réussit Julie Duclos avec Nos Serments, spectacle librement inspiré du film la Maman et la Putain, de Jean Eustache. La question est : comment habite-t-on l’espace scénique ? En l’occurrence, un appartement parisien avec canapé, table basse où s’empilent des livres, un lit plus ou moins défait et une affiche de Pickpocket, de Robert Bresson. C’est l’appartement d’Esther - et aussi un peu celui de François, qui vit avec elle.

 

Le spectacle a commencé par une dispute violente suivie d’une rupture entre François et Mathilde, sa compagne précédente. On comprend que sa relation avec Esther est d’un tout autre ordre. L’amour ne doit pas être perturbé par des crises de jalousie, par exemple. Il y a des moments charmants, comme cette scène où François et Esther jouent à se réveiller. C’est dans ce même lit que François fait l’amour avec Oliwia - en l’absence d’Esther, bien sûr. Mais ce n’est pas si évident. François a l’esprit libre. Il veut tout partager avec Esther. Au risque de mettre sa patience à l’épreuve quand il lui détaille les moments merveilleux qu’il vit avec sa nouvelle conquête. D’ailleurs, il lui a présenté Oliwia. Les deux femmes ont même dansé ensemble après une séance de maquillage. Ces scènes d’intérieur alternent avec des séquences filmées quand les personnages sont en dehors de l’appartement.

 

Julie Duclos, dont c’est seulement la troisième mise en scène, se révèle une excellente directrice d’acteurs dans sa capacité à toujours laisser respirer les situations sans rien hâter. C’est d’autant plus remarquable que, vu la longueur du film, il a fallu pratiquer des coupes drastiques pour aller à l’essentiel. Sauf que l’essentiel, chez Eustache, consiste à prendre son temps. Sans proposer un résumé de la Maman et la Putain, Julie Duclos en extrait des moments clés d’autant plus significatifs que s’y joue un décalage entre deux époques. L’euphorie post-68 du film y est relue à la lumière de notre présent : sans aucun jugement, mais avec tout de même une pointe de nostalgie amusée.


 

VIVRE À CONTRE-COURANT
 

Gwénota David, La Terrasse, janvier 2015

 

François vit avec Esther, rencontre Oliwia, en tombe amoureux... Variation banale de l'éternel trio? Sauf qu'ils refusent le schéma vaudevillesque et cherchent un autre modèle amoureux, hasardeux sans doute, dangereux assurément. La metteuse en scène Julie Duclos et ses comparses de la compagnie In-quarto questionnent ici les utopies privées aux prises avec la réalité. 

 

La trame de Nos serments s'inspire du synopsis de La maman et (a putain. Comment le film de Jean Eustache a-t-il nourri la création?


Julie Duclos : J'ai une expérience singulière avec ce film car j'en ai exploré de nombreuses scènes au Conservatoire national d'art dramatique avec Philippe Garrel, professeur de «jeu devant la caméra», qui nous emmenait tourner dehors, dans les lieux de la vie, pour trouver une nouvelle façon de jouer Cette oeuvre est très ancrée dans les années 70, elle m'intéresse surtout par les situations et les comportements qu'elle met en jeu une façon d'être a contre-courant, de vivre dans les marges, de refuser les normes L'histoire est pourtant d'une grande banalité . un jeune homme vit avec une femme et en rencontre une autre . Les personnages refusent le schéma traditionnel de l'éternel trio l'homme / la femme / la maîtresse Ils tentent une autre vision du couple, de vivre cette rencontre dans un rapport pacifique, sans les cris et la jalousie Comment assumer ce désir de liberté et ces utopies privées dans la pratique9 Nos Serments montre l'humain aux prises avec ses contradictions, observe l'impact qu'un tel mode de vie provoque dans le secret des corps des uns et des autres, dans leur intime caché. 

 

Comment avez-vous travaillé à partir du scénario du film ?


J. D. : Nous avons développé des improvisations en partant du scénario, c'est-à-dire en créant progressivement nos personnages et leur histoire, donc en nous éloignant de la partition originale Nous avons laissé libre cours à nos rêveries autour des scènes, imaginant ce qui aurait pu se passer avant, après, en hors champ... Ces séquences ont été filmées puis retranscrites puis retravaillées et ont fourni la trame de la pièce Le scénariste Guy-Patrick de Sainderichm a ensuite écrit avec ce matériau très composite.

 

Vous cherchez à inventer de nouveaux processus pour que l'acteur se mette en jeu autrement et touche à une présence réelle. Quels sont-ils ici ?


J. D. : Philippe Garrel nous disait « li faut mélanger les dialogues aux pensées de la vie réelle. C'est comme ça qu'on obtient de la présence». Son approche m'a beaucoup marquée, de même que mon expérience comme assistante du maître polonais Krystian Lupa. La recherche de la vérité dans le jeu demande d'ôter la théâtralité qui souvent le plombe. Nous inventons avec les acteurs la vie imaginaire des personnages, dans une sorte de monologue intérieur qui se déploie hors du plateau et qui leur apporte une consistance. C'est la richesse de la vie intérieure de l'acteur-personnage qui donne la densité de la présence en scène.


 

NOS SERMENTS COMPAGNIE L'IN-QUARTO
 

Mathilde Chavanne, L'incontournable magazine, le 15 octobre 2014

 

Créé au Centre Dramatique National de Franche-Comté par la compagnie l’In-quarto et mise en scène par Julie Duclos, Nos Serments est une pièce librement inspirée du film La Maman et la putain de Jean Eustache. Un hymne à la jeunesse et à l’amour et une plongée dans l’intime sur un texte de Guy-Patrick Sainderichin et Julie Duclos.

 

Il n’y a pas de rideaux. Les acteurs sont déjà là. Chacun s’assied, regarde. Sur la scène, à découvert, le décor est cet appartement, ou plutôt ce studio, à la fois chambre et salon. Et puis autour tout ce jeu d’éclairage, cette mise en abyme, ces lampes qui nous disent : c’est ici que l’histoire va se passer, mais aussi : nous sommes au théâtre. Pour le moment deux personnes, silencieuses mais qui semblent préoccupées, l’une travaillant à son bureau, l’autre lisant dans un fauteuil. La salle se remplit, les lumières au dessus du public se tamisent, et les personnages commencent à se parler. Une dispute. Une rupture. Dés le début ils s’agrippent, se crient dessus, pleurent, mais aussi nous font rire.

 

Ce soir on va parler d’amour. De relations humaines. De relations entre humains qui s’aiment. Et bien entendu alors, de leur contradictions et concessions. De tout ce que certains sont prêt à souffrir pour l’autre, alors que l’autre…

 

La pièce «Nos serments», de Julie Duclos, c’est d’abord cette trace, forte, sincère, d’un film qui a marqué. C’est le souvenir épais de La maman et la putain de Jean Eustache, délivré par des acteurs d’un autre temps. Celui de jeunes qui bientôt atteindront les trente ans. Julie Duclos l’affirme et le brandit en force, tout ceci ne vient pas de nulle part, cette présence forte et surprenante des acteurs. C’est une manière de faire, c’est une manière de croire. D’aimer et de faire confiance à ses comédiens. «Le point de départ de l’écriture, ce sont les improvisations avec les acteurs. Le spectacle s’est construit ainsi : un scénario s’est écrit à partir des propositions des acteurs, mis en situation d’improvisation.»

 

Ce sont des êtres incarnés qui jouent sur scène. Ils sont là. Ils jouent avec les couleurs de cette palette étrange, celle de nos émotions. Ils nous font rire, beaucoup, ils nous font rire parce qu’on les comprend. Parce qu’on les sent, ils sont là où on a peut être déjà été, dans ces illusions étranges que procurent l’amour et qui finissent en débris. Nos serments c’est donc d’abord cette histoire entre trois êtres. François, celui qui prêche pour la transparence et déclare : «L’honnêteté, c’est à dire à la fois le désir et la dignité. On est ferme dans son désir, on tient à sa dignité, on est honnête.». François est pauvre car il ne travaille pas, alors littéralement, ses histoires d’amour l’aident à vivre. François vit chez Esther, qui est très amoureuse et qui, pour ne pas le perdre, croit qu’il faut voir avec ses yeux. Ses yeux à lui pensent qu’on a le droit d’aller flirter, même si l’on s’aime à deux, qu’on s’autorise des rencontres, qu’on s’amuse. François aime jouer à l’amour. Mais en jouant il rencontre Oliwia, il la voit une fois, deux fois, et Esther ne sait plus très bien. Esther s’inquiète. Ce jeu l’amuse de moins en moins.

 

Au fil du jeu, ce sont trois heures qui courent sous nos yeux. Le temps est rythmé, les scènes sur la scène alternent avec des scènes sur l’écran, qui nous permettent de sortir du décor de cet appartement. Nos serments c’est la pari d’une metteur en scène, de son scénariste et de ses cinq comédiens. Le pari qu’on peut toucher à un chef d’oeuvre, avec tout le culot de notre jeunesse, et le porter différemment. On regrettera peut être que, du film à la pièce, les personnages féminins se soient fragilisés. Quand dans le film elles faisaient preuve d’un grand charisme, ici leur force nous manque parfois. Mais on applaudit l’enthousiasme, on remercie la fougue et l’envie, le défi.


 

LA PRESSE EN PARLE
 

Yves Andrikiank, L'Est Républicain

 

«Jeux des désirs et des amours Ensemble et tour à tour, les cinq comédiens, magnifiquement sensibles, Maëlia Gentil, David Houri, Alix Riemer, Magdalena Malina et Yohan Lopez, portent le spectacle, en irriguent l’inquiétante clarté par leur sang généreux, collent à la langue ciselée du texte. Une langue très écrite, faite pour être parlée et dont les beaux entrelacs restituent les fragilités, les appels d’air et les vérités mutilantes des personnages qui se heurtent sans se toucher, se menacent sans se confronter, s’aiment sans se le confier. Dans un décor en forme d’intérieur empli de marqueurs sociaux, livres, lampes, matelas au sol, meubles de possible récup’ mais de bon aloi, la mise en scène de Julie Duclos se déploie comme sur un terrain de jeux, ceux des désirs, des exaltations, des amours et de l’absence de preuves d’amour. Le théâtre est ici chambre de la conscience, compartiment du coeur où les cinq comédiens et personnages ne s’apaisent jamais et s’épuisent à ne pas pouvoir ou savoir résoudre l’énigme de leur présence au monde. Mais Julie Duclos a l’idée juste de briser la grâce de l’illusion théâtrale par un dispositif vidéo. Alors, les personnages s’y racontent comme dans un documentaire, comme dans un instantané sociologique. Alors, les comédiens laissent courir sous le texte qu’ils tiennent à distance, une neutralité légèrement enjouée. C’est beau: derrière, il y a la dissimulation de leurs désirs, de leurs regrets dans le silence du temps.»

 

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Mathilde Chavanne, L'incontournable Magazine

 

«La pièce Nos serments, de Julie Duclos, c’est d’abord cette trace, forte, sincère, d’un film qui a marqué. C’est le souvenir épais de La maman et la putain de Jean Eustache, délivré par des acteurs d’un autre temps. Celui de jeunes qui bientôt atteindront les trente ans. Julie Duclos l’affirme et le brandit en force, tout ceci ne vient pas de nulle part, cette présence forte et surprenante des acteurs. C’est une manière de faire, c’est une manière de croire. D’aimer et de faire confiance à ses comédiens. «Le point de départ de l’écriture, ce sont les improvisations avec les acteurs. Le spectacle s’est construit ainsi : un scénario s’est écrit à partir des propositions des acteurs, mis en situation d’improvisation.» Ce sont des êtres incarnés qui jouent sur scène. Ils sont là. Ils jouent avec les couleurs de cette palette étrange, celle de nos émotions. Ils nous font rire, beaucoup, ils nous font rire parce qu’on les comprend. Parce qu’on les sent, ils sont là où on a peut-être déjà été, dans ces illusions étranges que procurent l’amour et qui finissent en débris. (…)Au fil du jeu, ce sont trois heures qui courent sous nos yeux. Le temps est rythmé, les scènes sur la scène alternent avec des scènes sur l’écran, qui nous permettent de sortir du décor de cet appartement. Nos serments c’est le pari d’une metteur en scène, de son scénariste et de ses cinq comédiens. Le pari qu’on peut toucher à un chef d’oeuvre, avec tout le culot de notre jeunesse, et le porter différemment. (…)On applaudit l’enthousiasme, on remercie la fougue et l’envie, le défi.»

 


 

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