UN PERSONNAGE EN SOI


LES POINGS SERRÉS, UNE COMÉDIENNE CHANTE SA « MARSEILLAISE »


DARINA AL JOUNDI, UNE FEMME LIBRE SINON RIEN


DARINA AL JOUNDI, INVITÉE DE VERTIGO


DARINA AL JOUNDI AU 12H30


« L’ARME AVEC LAQUELLE JE ME BATS : L’HUMOUR »


MA MARSEILLAISE


MA MARSEILLAISE


AUX ARMES, CITOYENS DONT JE NE SUIS PAS !


COUPURES DE PRESSE


UN PERSONNAGE EN SOI
 

 

 

Cécile Dalla Torre, Le Courrier, vendredi 11 octobre 2013

 

 

 

Darina Al Joundi joue le personnage de Noun, inspiré de sa vie de femme, libanaise, qui plus est comédienne. Ce qui fait déjà pas mal de handicaps, surtout dans un pays arabe. Raisons qui l’amènent à chercher une terre d’accueil à son image : libérée, chaleureuse et gouailleuse.

Mise en scène par Alain Timar, directeur du Théâtre des Halles à Avignon, Ma Marseillaise raconte les péripéties de l’artiste, qui finira par adopter la nationalité française. Un monologue savoureux à la verve franche et enjouée, qui portera loin le combat universel des femmes.


 

LES POINGS SERRÉS, UNE COMÉDIENNE CHANTE SA « MARSEILLAISE »
 

 

 

Cécile Gavlak, La Côte, vendredi 11 octobre 2013

 

 

 

Le propos est dur. Souriante, belle, émouvante et énergique, la comédienne Darina Al Joundi emmène pourtant le public dans son parcours de combattante sans jamais tomber dans le pathos. D’un père syrien, d’une mère libanaise et de nationalité française obtenue grâce à ce monologue joué 100 fois, Darina Al Joundi est un petit phénomène du théâtre.

 

Dans «Ma Marseillaise», spectacle autobiographique, elle raconte sa longue quête du passeport français. Un bout de papier difficile à obtenir, surtout lorsqu’on est une femme, libanaise, de surcroît comédienne, donc chômeuse par intermittence. Grâce à ses représentations au Festival d’Avignon 2012, Darina Al Joundi est contactée directement par le Ministère de l’intérieur et obtient son passeport. Ou comment transformer une faiblesse, ici celle d’être artiste, en force.

 

L’histoire de Noun, son personnage, vêtue d’une robe bleue et pieds nus, raconte son vécu de réfugiée, d’étrangère qui s’extrait de sa famille et de sa culture pour trouver la paix, le refuge, le respect. Etre considérée comme un être humain au «pays de la laïcité, le pays de la liberté».

 

«Ce que je voulais le plus au monde c’était pouvoir marcher dans la rue, sans la peur d’être battue, brutalisée», dit Noun au public. Marcher dans la rue, la quête est pour le moins modeste.

 

Darina Al Joundi et son personnage Noun parlent d’une seule voix: «Je suis citoyenne du monde.» La formule, souvent galvaudée, ne l’est pas dans la bouche de cette femme opiniâtre. Française, américaine, canaienne, pourquoi pas Suissesse? Le pays d’arrivée n’a pas grande importance au regard de la provenance. Le Liban dont elle parle est celui de l’humiliation, de la brutalité. Dans «Ma Marseillaise», Darina Al Joundi évoque l’excision, la lapidation, l’enfermement arbitraire et la soumission. Avec ses propres mots, elle donne la parole aux femmes arabes, aux femmes battues, aux femmes qui vivent la peur au ventre.

 

La force de cette comédienne réside dans son large sourire. Déambulant sur scène, souvent comme une enfant, elle déplace de grands panneaux blancs, comme seul décor, s’adresse au public, s’exclame ou pleure. Telle une humoriste de stand-up, Darina Al Joundi se dévoile toute en légèreté. Même si c’est pour parler d’oppression et de barbarie en tout genre.

 

On rit jaune. Ou on ne rit pas.

 

Cette femme, forte, qui ressemble comme deux gouttes d’eau à son personnage, est montée sur scène pour émouvoir. «Noun continue à se battre, déclare la comédienne au moment des applaudissements. Mais moi, Darina, je suis devenue française grâce à ce spectacle.» Son double, Noun, reste la voix des autres, toujours oppressées.

 


 

DARINA AL JOUNDI, UNE FEMME LIBRE SINON RIEN
 

Marie-Pierre Genecand, Le Temps, 11 octobre 2013

 

La comédienne d’origine libanaise livre «Ma Marseillaise» au Théâtre Le Poche, à Genève.

Une performance et un texte incandescents, dans lesquels l’humour se fait le véhicule d’une exigence d’équité entre les genres.

 

«Pourquoi le voile en France? Que vont dire ces femmes à leurs sœurs qui se battent contre le voile dans les pays arabes?» Darina Al Joundi ne fait pas dans la demi-mesure. La comédienne, qui a quitté son Liban natal pour la France – où elle mène une vie émancipée –, se bat d’arrache-pied contre la confusion entre discrimination et particularisme culturel. Pour elle, l’excision et la lapidation sont des exactions, non des coutumes locales qu’il faut accepter dans un contexte donné. Elle rappelle cette conviction dans Ma Marseillaise, monologue où elle livre ce cri pour plus d’équité entre hommes et femmes, en parallèle à son parcours du combattant, plus drôle, pour obtenir la nationalité française. Au total, un solo tonitruant que les spectateurs applaudissent ­debout.

 

Darina Al Joundi. On se souvient de cette comédienne dont le nom sonne comme une charge héroïque. En décembre 2008, déjà au Théâtre Le Poche, elle avait subjugué le public avec Le jour où Nina Simone a cessé de chanter, flamboyant récit de son enfance sous les bombes, celles de la guerre du Liban, et sa guerre personnelle contre tous les enfermements. Un tourbillon où elle racontait la ­drogue, les nuits de folie à jouer à la roulette russe et l’hôpital psychiatrique où l’ont enfermée ses «amis» intellectuels… Son goût pour la liberté, Darina Al Joundi en a payé le prix.

Même élan dans Ma Marseillaise, également mis en scène par Alain Timar. Dans une robe bleue – Darina flamboyait dans une robe rouge lors du premier monologue –, la comédienne raconte le destin de Noun, son double, avec la même vigueur combative.

Dès les premières minutes et à plusieurs reprises, elle chante, ou plutôt massacre, l’hymne national français, en réponse aux innombrables tracas administratifs que l’Etat impose à tout candidat à la naturalisation. D’autant plus quand il s’agit d’une «femme, arabe, musulmane et artiste», ce qui rend les choses «quatre fois plus difficiles», plaisante l’artiste. Darina relate la valse des papiers, les innombrables questions ­privées, les yeux levés au ciel lorsqu’elle avoue quatre mariages et autant de divorces. Un bal de complications dont elle tire un avantage comique qui ravit le ­public.

Mais la comédienne bouleverse surtout lorsqu’elle évoque son voyage en terres arabes, où elle relate les mauvais traitements dont sont victimes ses sœurs considérées comme inférieures. L’excision qui coûte la vie d’une jeune fille de 9 ans. La lapidation d’une femme enterrée à mi-corps. Sa colère explose, comme s’impose sa revendication: que les régimes républicains européens ne lâchent rien en termes de liberté et qu’ils ne confondent pas traits culturels et discrimination. Quelle force, quel souffle! Le public est conquis.


 

DARINA AL JOUNDI, INVITÉE DE VERTIGO
 

Christine Gonzalez, RTS - Vertigo, 8 octobre 2013

 

Darina Al Joundi, "Une combattante joyeuse"

 

Pour écoutez l'émission, cliquez ici

 

 


 

DARINA AL JOUNDI AU 12H30
 

Karine Vasarino, RTS - La 1ère, Le 12h30, 4 octobre 2013

 

Darina Al Joundi, L'invitée du 12h30

 

Pour écoutez l'émission, cliquez ici

 


 

« L’ARME AVEC LAQUELLE JE ME BATS : L’HUMOUR »
 

Andrea Machalova, Go Out !, octobre 2013

 

 

La comédienne et auteure libanaise Darina Al-Joundi revient sur les planches du théâtre le Poche du 7 au 27 octobre avec Ma Marseillaise, une pièce autobiographique à la fois politique, poétique et drôle. Seule sur scène, sur un plateau épuré et sobre, elle interprète le personnage de Noun, une jeune immigrée essayant d’obtenir la nationalité française.

 

C’est presque son histoire que Darina conte à travers le personnage de Noun. Son pays natal, elle l’a quitté car elle voulait tenter sa chance ailleurs, là où on laisse les femmes s’exprimer librement. La France lui a ouvert ses bras en souriant. Mais pour obtenir la nationalité, c’est un autre combat. Pour elle, qui jusqu’à l’âge de 27 ans ne possédait pas de passeport, ce bout de papier revêt une toute autre importance.

 

« Aux armes, citoyens »

Ma Marseillaise est le second volet des histoires de Noun, que le public du Poche a pu découvrir en 2008 dans Le jour où Nina Simone a cessé de chanter.

Dans cette deuxième partie, la jeune femme immigrée parle de l’Orient, de ses hommes, des femmes courageuses auxquelles elle aurait voulu ressembler et qu’elle admire, de la France et de l’absurdité de sa bureaucratie. Les paroles de l’hymnes national, elle a dû les apprendre par cœur comme tout bon citoyen français. Elle les scande tout au long du spectacle, comme par peur de les oublier et laisser le sésame lui échapper.

 

« Former vos bataillons »

Darina Al-Joundi touche des thèmes sensibles comme le port du voile, la guerre, la soif de liberté ou la rébellion des femmes libanaises. La liberté, elle se l’accapare lorsqu’elle monte sur scène. Son besoin viscéral de s’exprimer, de dénoncer les injustices et de toucher les gens l’a poussé à se lancer dans l’écriture. Elle est d’ailleurs sur le point de sortir son deuxième livre, une sorte d’autobiographie romancée aux éditions Grasset.

 

« Marchons, marchons »

« L’arme avec laquelle je me bats est l’humour » a-t-elle l’habitude de dire. Darina est une femme joyeuse et son rire, parfois jaune, communicatif. Enragée, passionnée, douce et drôle, elle fait voyager son public à travers une longue série d’émotions dans une « course aux papiers » effrénée. La mise en scène épurée, signée Alain Timar, libère l’énergie de la comédienne qui s’approprie l’espace avec ses mots, son corps et sa voix. On ne la quitte plus des yeux.

 

 


 

MA MARSEILLAISE
 

 Laurence Tièche-Chavier, Scènes Magazine, octobre 2013

 

Elle a un physique de tragédienne mais quand elle rit, son visage éclate de vie. Dans "Ma Marseillaise", l'auteure et comédienne Darina Al Joundi fait revivre Noun, le personnage de "Le jour où Nina Simone a cessé de chanter", aux prises cette fois avec l'administration française. Tragédie, absurdité, dérision, mais aussi bonheur d'être femme, arabe et surtout libre!

De sa voix rauque envoûtante, Darina Al Joundi précise que non, Noun n'est pas elle, mais que oui, c'est de l'autofiction.

 

Entretien avec Darina Al Joundi

 

Y a-t-il un peu de Darina dans Noun?

 

Non, mais j'utilise la réalité pour en faire une œuvre artistique. L'inverse est vrai aussi et la vie rejoint le spectacle puisque j'ai appris qu'on m'accordait enfin la nationalité française pendant que je jouais le spectacle à Avignon en 2012 et peu avant les représentations parisiennes. Elle m'avait jusque-là été refusée. Or le spectacle raconte le calvaire subi par une Libanaise pour obtenir la naturalisation française! La réalité rejoignait la fiction. Laquelle dépasse l'autre? Le théâtre est le lieu où l'on peut débattre, remettre en question, se révolter. Le pouvoir du théâtre est ainsi démontré : il peut influencer le cours des choses.

 

La pièce a-t-elle été bien accueillie par le public français?

 

Un peu moins que la précédente car il y est question d'ici et de maintenant. “Le Jour où Nina Simone...” avait pour elle d'être exotique : l'action se situait loin, dans le passé et les méchants étaient clairement désignés, c'étaient les autres. Le Liban véhicule une image d'Epinal, alors que la réalité est autre : il y a le secret bancaire, les lois honteuses contre les femmes. Le monde arabe - une certaine frange - se bat pour la liberté, pour s'ouvrir au reste du monde, alors que le monde occidental se bat pour se refermer et laisser à la porte le reste du monde. Le personnage de Noun montre ce paradoxe et cela renvoie au public européen une image dérangeante. Au Liban, les valeurs de la république sont glorifiées et le droit de vote en est le fer de lance, alors qu'ici il est négligé. Le personnage se bat pour qu'on lui signe un papier qu'elle considère comme une réponse juste, égale et laïque en échange de l'engagement qu'elle signe de son côté de respecter et servir les lois républicaines.

 

Vous déplorez les clichés et amalgames au sujet de votre pays et du monde arabe?

 

En premier lieu on peut être arabe sans être musulmane. Ensuite on peut être femme arabe sans être voilée. Il ne faut pas mélanger culture, religion, civilisation et idéologie. La poésie et la culture par exemple font partie de la culture. Je suis profondément laïque et pense que chacun doit se respecter. Mais les blagues que je fais à Beyrouth me font taxer d'islamophobe! C'est une dérive colonialiste : on dénie aux Arabes le droit de se moquer de leur pays! En fin de compte, le personnage et l'auteure se battent pour être vues comme des femmes, c'est-à-dire les égales de l'homme. Comme en Europe!


 

MA MARSEILLAISE
 

Guillaume Carel, Nouvelles de la Vieille-Ville, octobre 2013

 

Après avoir conquis le public en 2008 au Théâtre Le Poche, Darina Al Joundi revient avec sa nouvelle pièce Ma Marseillaise.

 

C’est l’histoire de Noun, héroïne dont nous avons pu suivre les aventures dans Le Jour où Nina Simone a cessé de chanter, qui quitte le Liban, alors ravagé par la guerre pour s’installer à Paris. Alors commence son combat pour obtenir la nationalité française. Planifications, délais, paperasse, passeport, racisme, machisme et préjugés : tel est le parcours semé d’embûches qui permet d’accéder à la citoyenneté. Alors Noun se questionne : Qu’est-ce que ça veut dire « naturalisation » ? « Acclimatation naturelle et durable des plantes et des animaux dans un lieu éloigné de leur région d’origine. » Je dois donc bourgeonner ici comme une plante pour être naturalisée ?

 

Cette pièce écrite et jouée en solo par Darina Al Joundi, est largement autobiographique. Sur le ton de l’humour, elle nous livre son histoire tragique. Car la « combattante joyeuse », comme la surnomme le metteur en scène et comédien Philippe Caubère, trouve toute sa force dans le rire, puisque le rire, selon elle, est une arme contre la mort.

 

Sa pièce est avant tout un hommage  à la liberté, ce concept qui est si cher à Darina et qu’elle connaît si bien. Et pour cause ! Comme Darina le dévoile lors d’une interview : Dans les pays en guerre la liberté est absolue […] et paradoxalement l’on vit presque une situation idéale car il subsiste une forme de liberté sans mensonge. Deuxième paradoxe : une fois en France cette situation s’inverse. Malgré la paix qui y règne, sans passeport, Darina voit sa liberté de mouvements limitée. D’où ce désir d’obtenir la nationalité pour pouvoir se déplacer librement et enfin se sentir « comme les autres ». Mais la liberté n’est pas uniquement physique, elle est également morale et les barrières des préjugés ne disparaissent pas avec l’obtention de la nationalité. Ils subsistent. Et en tant que femme, arabe et musulmane, Darina comprend vite que le rêve d’une société entièrement laïque est encore irréalisable. Voilà pourquoi elle doit raconter son histoire. Et pour que ça change, un peu au moins. Et c’est sur scène qu’elle doit le faire, car sur scène, la liberté y est absolue.


 

AUX ARMES, CITOYENS DONT JE NE SUIS PAS !
 

Nathaniel Herzberg, Le Monde, 20 juillet 2012

 

 

Darina Al-Joundi est de retour à Avignon. Cinq ans après son entrée dans la Cité des papes, avec Le jour où Nina Simone a cessé de chanter, la comédienne libanaise présente Ma Marseillaise. Une pièce parmi plus d’un millier offertes dans le « off », pourront penser ceux qui n’ont pas vécu le premier épisode de la saga. Les autres, qui cinq ans après s’en souviennent encore, auront nécessairement coché l’événement sur leur programme.

 

En 2007, Le jour où Nina Simone a cessé de chanter avait créé la stupeur. Débarquée du Liban où elle menait, loin de la scène française, une belle carrière de comédienne, Darina Al-Joundi lâchait sur la ville une bombe à fragmentation. Un texte autobiographique et terriblement impudique dans lequel elle racontait, seule en scène, les démêlés d'une femme libre, grandie dans la guerre, avec les hommes, tous les hommes, père, frères, amis, amants. Le poids des préjugés, le carcan de la religion, le poison de l'hypocrisie ne trouvaient comme antidote que l'extraordinaire appétit de vivre de l'héroïne.

 

Presque vide le premier jour, la salle se remplit en une semaine, par la grâce d'un bouche-à-oreille exceptionnel et de deux articles louangeurs. "Nous avons fini à guichets fermés. C'est pour ça que j'ai décidé de reprendre le spectacle l'année suivante. Rendre au public ce qu'il m'avait donné." En 2008, quatre semaines durant, les 150 fauteuils de la grande salle ne désempliront pas.

 

La comédienne aurait pu continuer encore un ou deux ans. Le loto avignonnais permet aux gagnants de rejouer ad vitam. "Mais je ne suis pas une vache que l'on vient traire", sourit-elle. Elle précise toutefois que, pendant quatre ans, le spectacle n'a cessé de tourner en France et dans le monde. Darina Al-Joundi en a aussi conçu un livre, traduit dans six langues.

 

 

Le voile de toutes les discordes 


Il fallait tourner la page, voici donc Ma Marseillaise. Sur scène, encore et toujours Darina, ou plutôt son double, Noun. Eternelle combattante, passée par les coups, la drogue, l'hôpital psychiatrique, tête haute, verbe inoxydable face à l'intolérance masculine. Dernière-née d'une grande lignée de féministes arabes, luttant pour l'entrée des femmes à l'université, l'abolition du code de la famille, la suppression du voile, Noun livre bataille.

 

Sauf qu'entre-temps la résistante est devenue résidante. Elle a quitté le Liban et gagné la France. Son objectif se réduit désormais à un mot : naturalisation. Vocable qu'elle interroge avec acidité, on ne se refait pas : "Pourquoi choisir ce mot, "naturalisation", qu'est-ce que ça veut dire "naturalisation" ? Acclimatation naturelle des plantes et des animaux dans un lieu éloigné de leur région d'origine. Je dois donc bourgeonner ici comme une plante pour être naturalisée ?"


Avant le dernier entretien, Noun fait défiler son passé, on l'a compris, mais aussi son présent. Sage, elle a parfaitement appris tous les couplets de La Marseillaise, qu'elle interprète par bribes, de sa voix grave et éraillée, pendant une heure quinze de représentation. Elle s'étonne de leur contenu grégaire mais s'incline de bonne grâce. " Je suis l'immigration choisie", clame-t-elle.

 

Elle ne supporte pas, en revanche, les menaces qui pèsent sur la laïcité dans son nouveau pays. A commencer par le voile de toutes les discordes. "Dans mon pays on s'est battu pour s'en libérer, et ici elles se battent pour pouvoir le porter, et être la 3e ou la 4e épouse d'un homme." Raisonnement archaïque ? Elle balaie l'argument par une question : être moderne, est-ce "pouvoir répudier une femme par SMS" ?

 

Noun aime la France, marcher, voyager, ce qui est plus facile avec un passeport français. Noun, ou plutôt Darina, aime aussi Avignon, la ville où sa seconde vie professionnelle a commencé. "Mon lieu porte-bonheur." Pour son second spectacle, elle ne pouvait que revenir ici. A raison de dix jours de travail par mois, elle a appris à aimer l'hiver avignonnais, le mistral qui hurle dans les ruelles, le bar où elle a pris ses quartiers, les vieux habitués qui la reconnaissent.

 

Elle espère ainsi rééditer l'extraordinaire succès du précédent opus. Extraordinaire mais insuffisant. Le 28 juin, Darina a reçu la réponse de l'administration française à sa demande de naturalisation : négative. Motif : "Insertion professionnelle incomplète." Elle a accusé le coup. Puis elle a modifié la fin de son spectacle.


 

COUPURES DE PRESSE
 

 Le Monde

 

Un spectacle sans tabou, féroce et déchirant.

 

 

 

Télérama

 

Le texte, largement autobiographique est engagé, féministe et drôle. Il aborde des problèmes brûlants, comme celui du voile ou du combat des femmes arabes, avec pour seul drapeau la soif de liberté et de dignité.

 

 

 

Figaro Scope


C'est déchirant et hilarant. Elle est poétique, mais aussi politique. Écoutez la ! Le public se lève pour cette fine et intrépide artiste.

 

 

 

www.fousdetheatre.com


Ce monologue dont l'"efficacité" réside dans son authenticité révèle une merveilleuse personnalité, drôle et attachante, à l'incroyable force de caractère, à l'optimisme et à la volonté sans faille. Sur scène, Darina Al Joundi ne joue pas, elle vit, elle respire son histoire et nous la livre entre rires et larmes, avec une intense sincérité, guidée par l'intelligente mise en scène d'Alain Timar qui se fait le reflet discret d'un combat incessant et d'une pensée en ébullition permanente. Très fort. Allez-y.

 

 

 

Théâtral magazine.com


Elle nous livre sa quête du Graal comme un récit épique et drôle, où les anecdotes surréalistes le disputent aux confidences poignantes. Où le poing levé succède à la grise mine de la déception. (…) C'est une tragi-comédie engagée, un récit salutaire qui claque et secouera les citoyens les plus engourdis, assurément…

 

 

 

 Pariscope


C’est poignant, émouvant, poétique aussi. L’intensité est au rendez-vous. Pieds nus dans une robe fluide d’un bleu qui n’est pas sans rappeler celui du drapeau national, Darina Al Joundi impressionne. Il y a chez elle un mélange de douceur et de fureur, témoignant des blessures passées et des combats menés. Sans mièvrerie, elle nous prend par la main, tantôt avec rage, tantôt avec humour, jamais moralisatrice. Précipitez-vous pour applaudir ce spectacle aussi salutaire que nécessaire.

 

 

 

 L'Humanité

 

Dans Ma Marseillaise, de Darina Al Joundi, mis en scène d’Alain Timar, l’actrice raconte sa propre histoire, celle d’une femme réchappée du Liban, mue par un irrépressible désir de liberté. L’histoire racontée ici est aussi celle d’une régression, que dessine en creux l’évocation tout en poésie des féministes arabes d’antan. C’est en France, « pays des droits de l’homme » (et de la femme ?) que la conduit sa fuite. Commence alors un parcours du combattant dans les méandres des administrations. Vous avez beau faire vôtres les principes de la République, connaître les paroles de la Marseillaise par cœur… il vous manquera toujours une copie certifiée.

Le verdict tombe comme un couperet : naturalisation refusée. L’éclatante Marseillaise se fait alors murmure, l’hymne se brise sur les barrières de l’identité nationale…

 

 

 

 Le Journal du Dimanche


La silhouette gracile de Darina Al Joundi cache une force et une violence inouïes. Celles-ci avaient éclaté il y a deux ans dans Le Jour où Nina Simone a cessé de chanter : un véritable choc et l'incontestable révélation du festival off.

Depuis, le texte écrit au couteau par la jeune femme a été publié (chez Actes Sud).

Retrouver à tout prix ce qui a fait le succès d'un spectacle est toujours dangereux. On pouvait donc tout craindre de cette « suite » au premier travail de Darina Al Joundi. L'appréhension est vite balayée : il suffit de quelques minutes seulement pour retrouver toute la fraîcheur de la force combattante – un force de vie tout simplement – de la jeune femme qui prend possession de l'espace, l'habite véritablement.

Alain Timar lui en aura donné les clés. La narration de Ma Marseillaise a une dimension presque comique due à l'aspect kafkaien de la situation de l'actrice. Le rire est plutôt amer, d'autant que le spectacle s'achèvera sur cette nouvelle toute fraîche : le rejet de sa demande.

 


 

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