COCHONS D'INDE


PIÈCE DE L'ABSURDE


COCHONS D'INDE, UNE COMEDIE AU POCHE


COCHONS D'INDE
 

Marie-Pierre Genecand, Le Temps- Sortir, 6 décembre 2012

 

Sébastien Thiéry a un point de vue sur la mondialisation. Un regard satirique, sarcastique même. Dans Cochons d'Inde, Molière du meilleur spectacle comique en 2008, il raconte avec une verve rare que lorsqu'une banque locale est rachetée par un grand groupe indien, on peut se retrouver coincé dans un sas, car les commandes d'entrée et de sortie activées depuis Delhi libèrent le client selon leurs envies. Une jolie manière de souligner les aberrations kafkaïennes de ces nouveaux modes de production et de gestion. Christian Gregori, Kathia Marquis, Fabienne Guelpa jouent les hamsters sous la direction d'Antony Mettler, également présent dans cette roue de l'infortune.


 

PIÈCE DE L'ABSURDE
 

Coopération, 27 novembre 2012

 

 

 

Molière de la meilleure pièce comique en 2009, Cochons d’Inde, mise en scène par Antony Mettler est une sorte de « boulevard kafkaïen », un savant mélange d’absurde et de burlesque. Lorsque Monsieur Kraft vient effectuer un retrait à sa banque, il ne se doute pas une seconde que l’établissement a été racheté par un groupe indien et qu’un véritable cauchemar l’attend… Il lui est donc reproché d’avoir changé de caste, en clair de s’être trop enrichi comparé à ses parents ouvriers !

Antony Mettler, dont on a pu récemment admirer la fantaisie et l’énergie débordante dans Faisons un rêve de Sacha Guitry, s’est entouré de trois comédiens confirmés : Christian Grégori, Kathia Marquis et Fabienne Guelpa.


 

COCHONS D'INDE, UNE COMEDIE AU POCHE
 

Claudia Cerretelli Roch, Scènes Magazine, décembre 2012-janvier 2013 

 

 

 

 

Ce n’est pas la fameuse comédie de Noël, mais bien plus : une comédie au théâtre Le Poche, du 3 au 23 décembre, écrite par Sébastien Thiéry et mise en scène par Antony Mettler.


 

 

Une occasion de rencontrer un artiste complet et complexe, issu du conservatoire et qui a fait ses armes dans les cafés-théâtre. Antony Mettler, qui a joué dans une cinquantaine de spectacles, est à la fois un comédien dans la veine comique et dramatique, un metteur en scène, qui a collaboré à la télévision ainsi qu’avec des grands humoristes suisses et français. Français, il l’est d’ailleurs –un peu – lui-même.

 

Antony Mettler, comment se porte le théâtre comique en Suisse ?


La Suisse a quelques noms incontournables, comme Sylvan, Pierre Miserez ou Cuche et Barbezat qui ont été mes plus grandes références et qui m’ont transmis la passion de ce métier. Ceci dit, les professionnels du théâtre boudent le rire car c’est difficile de faire rire intelligemment. On y arrive facilement avec des « cacapipiprout » (sic), mais c’est bien plus difficile de déclencher le rire avec des situations complexes et enrichissantes.

 

Quel est le point de départ de Cochons d’Inde ?


Françoise Courvoisier m’a demandé de créer une comédie. J’ai déjà travaillé avec elle au Poche, notamment dans la pièce Le répétiteur et c’est une personne et une artiste que j’apprécie beaucoup. Nous en avons retenu plusieurs, mais j’avoue avoir eu un faible pour le texte de Sébastien Thiéry, car il traite d’un problème sociétaire, à savoir le retour de manivelle des pays émergents. Les pays colonisés deviennent actuellement des pays colonisateurs : l’Angola rachète le Portugal, la Chine s’offre la Grèce, bref, ceci pour le contexte de la pièce. Il faut que le contexte ne fasse pas oublier l’essentiel : c’est une comédie et le but avoué est de passer un bon moment.

La pièce est un huis-clos. Imaginez que vous voulez prendre votre argent à la banque et que cette dernière ayant été achetée par des Indiens, il vous faut comprendre un monde totalement différent, enfermé dans une pièce devant votre guichetier, pour pouvoir accéder à votre argent. Et pour pouvoir sortir de la banque… Le personnage principal, le dindon de la farce, le client de la banque, est très antipathique, mais on a quand même de la peine pour lui. C’est un nouveau riche, de ceux qui parquent leur Porsche Cayenne sur les places pour handicapés. Il est issu d’un milieu défavorisé de la banlieue de Bordeaux et s’est fait tout seul, comme on dit. Cela donne – dans son cas - une personne qui n’est pas habituée à l’argent et qui méprise son prochain, croyant qu’elle mérite plus que de mesure : tout le monde doit être son serviteur.

 

Yasmina Reza, dans Le dieu du carnage, fait dire à un de ses personnages que le hamster est un animal dont personne ne connaît l’habitat naturel… pourrait-on dire cela métaphoriquement du cochon d’Inde ?


En effet, dans la pièce, le client ne reconnaît plus son habitat, et ne sait plus quelle posture prendre. Il n’est plus chez lui – pour peu qu’on lui connaisse un habitat, puisque même en termes de statut social il n’est pas à sa place. Il ne comprend rien à ce qui lui arrive, bien que la situation soit plus compréhensible que chez Kafka. J’aime cette, idée, oui, c’est une question d’habitat…

 

C’est une pièce tragi-comique, en somme ?


Pas vraiment, parce que je ne veux rien enseigner, et je ne veux pas dénoncer quoi que ce soit : je suis sans doute un humaniste, mais pas un militant. Le point de départ de la pièce est kafkaïen dans le sens que donnait Kafka à ses textes, Kafka dont on oublie souvent qu’il les envisageait comme drôles. Mon but premier est de faire rire. Je ne veux pas qu’on aille au théâtre comme on va chez le psy, mais plutôt comme on va faire un dîner en famille, tous ensemble pour rire et se retrouver.

 

Avez-vous fait des variations ou des changements au niveau du texte ou des indications scéniques ?


J’ai fait de nombreux changements au niveau de la mise en scène, et trois fois rien – juste deux répliques - au niveau du texte. Je me garde de les dire, pour laisser la surprise, mais je dois dire que je vois la mise en scène comme un « work in progress » avec les comédiens, ce qui fait que même si au final je prends des décisions, je laisse les idées venir dans l’esprit d’une collaboration. Il y a de nombreuses idées, en effet, qui n’étaient pas dans la pièce de départ…il faut dire qu’il y a matière, avec la mondialisation…

 


 

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