GRISÉLIDIS RÉAL


FRANÇOISE COURVOISIER


JUDITH MAGRE


MAGALI PINGLAUT


GRISÉLIDIS RÉAL
 

 

Clara Dupont-Monod, La Magazine Littéraire, novembre 2008


Grisélidis Réal est la prostituée la plus fière de la littérature européenne. C’est aussi la plus douée. Depuis son roman autobiographique, Le noir est une couleur, publié en 1974 en France, jusqu’à ce journal de prison, retrouvé par ses enfants, elle n’a cessé d’accoler les contraires. La beauté et l’argent, le sexe et l’innocence, le désir d’autrui et la liberté, l’avilissement et la révolution : une seule de ces combinaisons suffisait à l’enfermer en prison, avec l’estampille « danger pour les bonnes mœurs ». Suis-je encore vivante ? est un magnifique condensé de la pensée ouverte de Grisélidis Réal. L’expérience de l’enfermement l’oblige à un raccourci serré, un noyau dur mêlant l’idéologie à une sensibilité d’écorchée vive. De magnifiques réflexions sur la peinture abstraite, qu’elle s’évertue à produire entre ces quatre murs, côtoient des passages bouleversants sur l’arrachement d’une mère à ses enfants ; la peur du procès qui l’attend succède à une analyse magistrale de Tchékhov. Tapi derrière cette écriture mouvante, sourd le désir acharné, viscéral, de la liberté. Que fera Grisélidis Réal une fois sortie de prison ? Elle emmènera ses enfants en Suisse, elle oubliera la trahison de son amant, elle oubliera tout. Elle continuera à aimer les hommes et les prostituées. Elle continuera à s’aimer, elle, sans l’ombre d’un remords, d’un jugement négatif sur ses propres choix. Son journal de prison nous offre la clé de Grisélidis Réal : elle fut si proche d’elle-même, si fidèle à ses idéaux, qu’elle incarne, ironie du sort, l’honnêteté absolue. 

 

 


 

FRANÇOISE COURVOISIER
 

Comédienne d’abord, elle joue sur les scènes romandes et en tournées franco-belges sous la direction notamment de Benno Besson, André Steiger, Simon Eine, Alain Françon…
Elle réalise sa première mise en scène en 1991 : Lucie, June, Claire, Maya…, adaptation d’une étude sur la schizophrénie réalisée par Ronald Laing. Ce premier choix indique une inclination pour les personnages marginaux. Au Poche, elle monte notamment Les Sphinx du macadam, une adaptation scénique de l’œuvre de la célèbre prostituée genevoise Grisélidis Réal. Petit Bois de Michel Viala, un montage de ses derniers écrits en EMS. Elle aborde aussi Racines d’Arnold Wesker, Conversations après un enterrement de Yasmina Reza, Sang de Lars Norén et La Mouette d’Anton Tchékhov, qu’elle met en scène au Théâtre Pitoëff en automne 2009 ou encore son propre texte (Le Répétiteur) créé au Poche en janvier 2008 et repris cette saison au Théâtre Le Public de Bruxelles, au Théâtre du Palace à Bienne et au Théâtre Vidy-Lausanne.
Passionnée par l’écriture dramatique, elle traduit L’Eveil du printemps de Frank Wedekind, Vous vivrez comme des porcs de John Arden et réalise divers montages tels que Le Journal d’un fou d'après Gogol, Je l’aimais d’Anna Gavalda. Elle écrit notamment pour la scène 7 Péchés ou une vie de théâtre, Mal de mère, Poussières d’étoiles.
Elle dirige Le Poche Genève dès juillet 2003 après avoir fondé et animé le Théâtre La Grenade pendant six ans.

 


 

JUDITH MAGRE
 

Au cours des années 50, on la rencontre chez plusieurs cinéastes prestigieux comme René Clair (Les Grandes manoeuvres, 1955), Julien Duvivier (L'Homme à l'imperméable, 1957), Jacques Becker (Montparnasse 19, 1958) ou encore Louis Malle (Les Amants, 1958). Pour Jacques Chazot, Judith Magre incarne à jamais "Marie-Chantal", le célèbre personnage de snob qu'il a inventé.
 C'est surtout sur les planches que s'affirme dans les années 60 sa carrière de comédienne, dans la compagnie Renaud-Barrault, avec laquelle elle joue des classiques comme La Cerisaie d'Anton Tchekhov (en 1960), Judith de Jean Giraudoux (en 1961) ou encore L'Orestie d'Eschyle (en 1962) au théâtre de l'Odéon à Paris. Elle tourne notamment pour la télévision, on peut par exemple la voir dans la célèbre émission Au théâtre ce soir. Puis, elle entre au célèbre Théâtre National Populaire où elle joue Jean-Paul Sartre, Jean Vauthier (Les Prodiges), Paul Claudel, Bertolt Brecht, René Ehni (Eugénie Kopronime) ou encore Euripide. Parallèlement à sa carrière théâtrale, elle poursuit son parcours cinématographique. Elle rejoint notamment, dans les années 70, l'univers de Claude Lelouch (Le Voyou en 1970, Toute une vie en 1974, Le Chat et la souris en 1975), et apparaît également dans plusieurs comédies (Rien ne va plus de Jean-Michel Ribes, 1979.
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Plus récemment, on a pu la voir dans le sulfureux Nathalie... d'Anne Fontaine (2004), puis dans un thriller signé Sophie Marceau, La Disparue de Deauville (2007), où elle campe une aristocrate. Plus de dix ans après L'Homme est une femme comme les autres (1998), elle retrouve en 2009 le réalisateur Jean-Jacques Zilbermann pour La Folle histoire d'amour de Simon Eskenazy, où elle sera à nouveau aux côtés d'Antoine de Caunes et d'Elsa Zylberstein. Elle figure également au casting de Ces amours-là, le prochain film de Claude Lelouch.

Récompenses
1990 : Molière de la comédienne dans un second rôle pour Greek
2000 : Molière de la comédienne pour Shirley
2006 : Molière de la comédienne pour Histoires d’hommes


 

MAGALI PINGLAUT
 

Comédienne française établie en Belgique, elle suit une formation au Conservatoire de Bruxelles où elle reçoit le premier prix d’art dramatique à sa sortie, en 1993. Depuis, elle arpente les scènes belges et réalise aussi des mises en scène. En 1999, elle reçoit le Prix du Théâtre du meilleur espoir féminin.
Parmi ses derniers spectacles : Minetti de Thomas Bernahrd mis en scène par Lorent Wanson, au Théâtre Le ManègeMons ; Electre de Sophocle mis en scène par Isabelle Pousseur au Théâtre National de Bruxelles ; Forfanteries d’Olivier Coyette, mis en scène par Le Collectif au Théâtre Le Public de Bruxelles ; Les Pensées de Pascal, mis en scène par Isabelle Pousseur au Théâtre de l’Océan Nord, Bruxelles, Animal une création collective avec notamment Laurence Vielle et Pietro Pizzuti au Théâtre Le Public et Le Répétiteur crée au Poche en janvier 2009 et repris cette saison au Théâtre Le Public de Bruxelles, au Théâtre du Palace à Bienne et au Théâtre Vidy-Lausanne.
Au cinéma, elle joue dans le film écrit et dirigé par Philippe Blasband, La Couleur des mots. Elle a aussi joué dans Tous à table d’Ursula Meier (Prix de la Critique et du Public de Clermont-Ferrand, 2000) ; dans Thomas est amoureux de Pierre Paul Renders (Prix de la Critique du Festival de Venise et Grand Prix du Festival de Gerarmest) ; dans L’insoupçonnable univers de Josiane de Martine Doyen.

 


 

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