_Edith : la pièce de la saison que j’attendais avec le plus d’impatience ! 

Edith, mon prénom, pourtant pas si courant, donc forcément un titre qui m’interpelle. 

 

Un spectacle créé au POCHE /GVE, lieu de culture devenu familier depuis que j’ai eu la chance de faire partie du labo de La pièce parfaite. la saison passée. 

Un roman de Patricia Highsmith traduit, adapté et mis en scène par mAthieu Bertholet mérite une attention particulière. 

 

Le 25 octobre a lieu la générale, le comité de spectatrices est invité comme chaque fois. Places réservées et espacées, spectatrices masquées et assises bien à l’avance pour éviter les attroupements, covidsupersafe. On admire le décor, il remplit toute la scène et contraste avec les décors épurés que l’on voit habituellement. Des meubles en bois, vintage, le salon d’Edith est chaleureux. La base du décor créé par la scénographe Anna Popek, suivra les spectacles de toute la saison.

 

On suit l’existence d’Edith, femme de la middle class américaine durant une vingtaine d’années. Autour d’elle, son mari qui la quitte pour sa jeune secrétaire, son fils raté qui végète, le vieil oncle impotent de son mari dont elle doit s’occuper, sa tante bien aimée qui disparaît trop vite, des amies soit disant bienveillantes. Tout est échec, même son travail, puisque les articles politiques qu’elle écrit pour les journaux ne rencontrent pas de succès. Afin de s’évader de cette vie de plus en plus médiocre, elle écrit un journal. Ce journal sera son échappatoire, elle s’y créée une autre vie, meilleure, pleine de mensonges, mais de réussites. 

 

La générale se poursuit par une discussion au Bardu. A nous, spectatrices, de poser des questions sur la pièce à d’autres spectatrices chargées d’y répondre. Un complément de réponse est donné par mAthieu Bertholet en fin de séance. 

Les deux comédiennes Jeanne De Mont et Angèle Colas sont maquillées différemment sur les parties gauche et droite de leur visage : pour montrer plusieurs facettes. 

Edith se frotte aux meubles et se comporte comme un chat : pour accentuer son rôle de femme d’intérieur. 

Le choix de la bande sonore : mélancolique et accompagné de morceaux originaux du livre.

Les extraits du journal en voix off : ils reprennent le style utilisé par Patricia Highsmith et contrastent avec les dialogues. 

L’illusion : elle se retrouve dans les verres et les bouteilles d’alcool remplis d’eau, le faux tourne-disque, l’escalier invisible, …

La mise en scène : elle rappelle les films américains des années 50 grâce aux costumes – magnifiques -, verres, cigarettes, poses des actrices, …

 

Heureusement la vie de cette Edith ne ressemble pas à la mienne et je n’ai jamais ressenti l’envie d’échapper à mon existence. Sauf en cette période pénible où je rêve de liberté, d’amis, de rencontres, de théâtre, de voyages, … difficile avec les restrictions sanitaires actuelles.

 

Edith Scherer-Minner, comité de spectatrices

_épisode 2: Les Ruines (Vous êtes ici)

les ruines c’est quand avant il y avait quelque chose et maintenant c’est toujours là, mais on ne sait plus trop
on peut voir les traces de l’écroulement, les débris

 

dimanche soir c’est la générale et il faut faire attention au partage de l’espace, laisser un siège vide, à cause du risque, les gouttelettes qui pourraient s’échapper se fondre dans le corps de l’autre, il faut faire attention, parce qu’on ne voit plus du tout ce qui fuit lorsque la lumière s’éteint

 

lorsque la lumière s’éteint, sur scène, ça raconte l’immeuble englouti, et comment faire au juste avec les débris de la ville, et les débris de chacun
puisque tout le monde est là et que certaines dorment sur des tas de vêtements, que d’autres entendent  des voix ou préfèrent se dire que c’est les champignons la solution
c’est parce qu’il pourraient faire eux-mêmes et sans que personne ne les aide de la lumière, c’était ça, je crois, la promesse des champignons

 

et plus tard, quand on sortira de la salle, lumière à nouveau allumée, nos masques devant la figure, plus tard on se mettra autour des tables, au sous-sol, pour discuter
ceux qui lèvent la main ont vu l’épisode 1
c’était différent, l’épisode 1, il paraît, on discute de ça, l’importance de l’hétérogénéité, on explique les différents scénaristes, pour se fondre à l’histoire il y a la bible, la bible c’est les intrigues principales, toutes, et les personnages, la bible raconte les personnages et chacun écrit comme il veut

 

et sur scène il y a comme de la glue paillette qui coule, qui coule et chacun parle, essaie de parler, on discutera de ça aussi autour des tables, plus tard
le délitement de la parole
le délitement de la parole, c’est quand les mots arrivent mais se dispersent, se chevauchent et sont parfois même pas adressés, enfin plus exactement
c’est pas écrit comme ça, dit l’auteur
mais ce qui est sûr, c’est qu’il y a un bébé dans le sous-sol et parfois, la mère a un blanc et elle oublie le nom du bébé, parce qu’il y a plusieurs façons d’être mère, oui.

 

sur les tables de la discussion il y a des brins de romarins, thym peut-être, je ne sais plus, dans les bouteilles d’eau, de l’eau que l’on verse ensuite dans les verres et on parle de ça aussi, du végétal qui très vite viendrait couvrir partout si on ne fait plus trop attention à nos ruines
et c’est cela aussi qu’on se demande, si l’espace de la ruine pourrait devenir un espace de douceur

 

oui, parce qu’il y a aussi tout à droite de la scène, un autel, c’est pas vraiment dit comme ça, mais à cause de toutes ces empreintes de bougies qui ont fondu, la cire coulé et à cause des traces, et des souvenirs qui sont là, c’est peut-être autorisé de dire autel
il y a aussi une image et un game boy ancien qui fonctionne avec un écran où il n’y a pas du tout la couleur, mais dans les ruines c’est égal, la couleur

 

l’important c’est résister et imaginer comment se relier aux autres à nouveau, c’est ça qu’ils se demandent tous, sans doute, depuis leurs vêtements désormais un peu sales et usés, cheveux pas coiffés et tant pis
ils se demandent pourquoi est-ce que vraiment ce ne serait pas possible que tout le monde vienne dans son appartement pour faire communauté et continuer de chanter pour se rassurer et faire force.
plus tard, ce dimanche soir là, en rentrant je me suis dit que j’avais peut-être même pas remarqué qu’il y a des maisons faites entièrement avec des débris de ruines, que c’est possible.

 

Carole Extermann, comité de spectatrices

_bienvenue

bienvenue dans la saison_répertoire!

la parole est à vous!